Saint Patron
Saint Roch
Nombre de places
15
Année de construction
1611
Chapelle du Berceau

Horaire des messes

De tout mal, délivre.-nous, Seigneur

Plusieurs chapelles dans le canton de Fribourg sont le fruit d’un vœu pieux, lié à un événement historique ou à une pandémie. La question du mal reste pour l’homme une réalité insondable. Il est une privation du bien selon la pensée de saint Augustin. Dans la litanie des Saints et le Notre-Père le croyant sollicite cette protection divine face aux calamités. Fréquemment, au Moyen-Âge, on édifie des sanctuaires en l’honneur des saints Roch et Sébastien, saints protecteurs contre le fléau de la peste. 

Sur le versant occidental de la colline, où s’élève Gruyères, se situe un ancien sanctuaire,  communément appelé chapelle du Berceau. Cette dénomination pourrait provenir du nom Bersold[1], une ancienne famille du lieu. Le terme est orthographié de manières diverses selon les manuscrits. La chapelle fut érigée en vertu d’une promesse. Alors que le Bourg de Gruyères était en proie aux périls de la peste, les nobles bourgeois et « communiers » de Gruyères firent le vœu d’édifier une chapelle aux saints Roch, Claude, et Sébastien pour être délivrés de cette adversité. Les protocoles du conseil nous renseignent sur les délibérations en vue de la fondation du sanctuaire. On choisit d’édifier la chapelle sur le lieu où les défunts avaient été ensevelis. Construite peu après 1611 elle fut vraisemblablement consacrée en février 1615 par Mgr de Watteville[2]. Ce dernier avait fait préciser l’objet de la fondation et sa dotation. La paroisse quant à elle promettait d’entretenir le lieu et de verser aux prêtres le casuel prescrit. 

Mémoire vivante

Au fil des siècles l’édifice sombra dans l’oubli. En 1880 alors que la chapelle tombait en ruine le comte de Sainte Colombe en commença la restauration. Faute de moyens les travaux ne purent être achevés. Le sanctuaire fut à nouveau abandonné et sa suppression avait été décidée. Celui-ci aurait pu disparaître s’il n’y avait pas eu un élan de générosité soutenu par la société des coutumes et costumes de Gruyères. Cette généreuse initiative avait pour but de « conserver ce que la fidélité et l’engagement d’autrefois avait fait construire [3]». En 1938 sous la direction de M. Lateltin, architecte cantonal, la chapelle fut entièrement restaurée. D’aspect extérieur sévère, la chapelle a conservé son allure médiévale tardive, elle est précédée d’un large auvent plus tardif. L’édifice d’apparence sobre se singularise à l’extérieur par son cloché peigne, un des rares exemples dans notre région. L’intérieur a été largement remanié, il est illuminé par trois petites fenêtres en plein cintre. Une voûte en lambris couvre l’ensemble. On fit appel à un artiste lausannois, Michel de Ribeaupierre, qui s’occupa de la décoration interne. Selon Mgr Waeber[4], il composa le dessin du vitrail qui surplombe l’autel, et les panneaux décoratifs de l’autel. Ces derniers ont été pyrogravés sur cuir et offrent des images végétales aux couleurs chatoyantes. La statuaire forme l’essentiel de la décoration. Quelques-unes proviendraient de la collection épiscopale et furent données lors de la restauration. La sculpture de la Vierge (au centre) est une élégante composition baroque aux lignes gracieuses, les effigies des autres saints sont d’un style baroque plutôt campagnard. Enfin on remarquera sur la muraille les petits cadres qui évoquent l’histoire de la bâtisse, ainsi que la photo de Marie Ruffieux qui se dévoua, avec sa sœur, pour la conservation de ce saint lieu.

Le 2 octobre 1939, la chapelle rénovée a été solennellement bénie par Mgr Marius Besson. La cérémonie touchante, donna lieu à diverses manifestations de piété populaire. La présence de ce sanctuaire à l’entrée de la cité des Comtes, rappelle aux visiteurs un émouvant souvenir du passé, qui se fixe à nos mémoires.

Texte de l'abbé Fabien Benz paru dans l'Essentiel de septembre 2019


[1] J-H Thorin, Notice historique sur Gruyère, Fribourg 1881

[2] A. Dellion, Dictionnaire historique et statistiques des paroisses, Fribourg 1885

[3] Louis Waeber, Églises et chapelles du canton de Fribourg, Ed. St-Paul 1957 p. 208

[4] Idem